La superstition habituelle au mois de mai avec l’adage célèbre, a été quasiment confirmée au niveau des marchés développés malgré le sursaut de la dernière semaine. Ainsi, si le Dow Jones affiche finalement un gain de 0,7% au mois de mai, le Nasdaq est en recul de -1,6% tandis que le CAC 40 a lâché -0,28%..
En préambule, cette saisonnalité du mois de mai est d’origine anglo-saxonne. En effet, à la City, les aristocrates et banquiers préféraient quitter la ville de Londres pendant les premières chaleurs. Aussi, les banquiers américains prenaient aussi des vacances entre le Memorial Day et le Labor Day (mai et septembre). A l’ère moderne, les traders et les gérants préfèrent toujours prendre des vacances pendant l’été, prenant le soin de ne pas laisser des positions ouvertes. Aussi, les résultats annuels de l’année n-1 et ceux du premier trimestre de l’année n, sont déjà connus avant le mois de mai.
Ainsi, au 19 mai, le Dow Jones affichait une correction de -5,2% contre -7,7% pour le Nasdaq. Aussi, à titre d’exemple, lors de la séance du mercredi 18 mai, Wall Street a enregistré une de ses pires séances depuis 2020 avec une chute du Dow Jones de -3,57% tandis que le Nasdaq s'est écroulé de -4,73%.
Cette rechute a coïncidé avec la hausse des taux avec un rendement du 10 ans US qui a flirté avec les 3%. Aussi, la FED a déjà opéré deux hausses de ses taux directeurs à 0,75%-1%. De même, au moins, deux autres hausses de 50 pbs sont attendues tandis que la BCE devrait entamer la hausse de ses taux en juillet avec un cumul attendu de +75 pbs. En particulier, le taux d'inflation annuel de la zone euro est estimé à 7,4% en avril 2022 tandis que celui des Etats-Unis est ressorti à environ 8,3%.
De plus, entre temps, une nouvelle thématique fait part aux investisseurs avec la crainte d’une chute de la croissance à cause d’un affaiblissement de la consommation après l’envolée des prix et des taux. A ce titre, la révision à la baisse des prévisions de certains majors de la grande distribution, a effrayé les investisseurs. Aussi, la Commission européenne a annoncé avoir abaissé de 1,3 point sa prévision de croissance économique pour la zone euro en 2022 à 2,7%. De même, elle a augmenté de 3,5 points sa prévision d'inflation à 6,1%.
Toutefois, après 8 semaines consécutives de baisse pour le Dow Jones et 7 semaines pour le Nasdaq, Wall Street a fini par rebondir avec un gain hebdomadaire de 6,2% pour le Dow et de 7,1% pour l’indice des valeurs technologiques. En effet, les investisseurs ont tout d’abord salué le ton accommodant de la Fed lors de sa dernière réunion, ce qui a éloigné le spectre d’une hausse prochaine de 75 pbs des taux. Par la suite, des chiffres économiques ont rassuré comme la hausse des dépenses des ménages américains de 0,9% en avril ou le recul de la hausse annualisée de l'indice des prix PCE de -0,3 point à 6,3%.
En conclusion, deux visions semblent s’affronter avec d’un côté les baissiers qui privilégient le scénario de la récession sous la pression de l’inflation et de la hausse des coûts. De l’autre côté, les acheteurs pensent que les banques centrales vont constater le ralentissement économique et lever le pied sur le resserrement monétaire agressif surtout que l’inflation provient de données géopolitiques comme la guerre en Ukraine ou la stratégie zéro-Covid en Chine.